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La Motte-Picquet un marin méconnu

Les nombreuses batailles terrestres du temps de Louis XV et Louis XVI font oublier que la mer a été également le théâtre d’actions héroïques. La Motte-Picquet, marin méconnu du xviiie siècle, a mené une vie tumultueuse ; lieutenant de vaisseau, commandant de division puis chef d’escadre, il a vécu de frégate en frégate, bravant les mers des Antilles ou des Indes et la Royal Navy jusqu’à la fin de ses jours.

Par Lionel Marquis, journaliste


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Jean-Guillaume Toussaint Picquet de La Motte, plus connu sous le nom abrégé de La Motte-Picquet, naît à Rennes dans une famille de la petite noblesse bretonne pauvre, le 1er novembre 1720. Son père, Guy Picquet, seigneur de La Motte, conseiller au Parlement de Bretagne à partir de 1701, obtient du roi en 1726 l’érection de la terre de Launay-du-Han en châtellenie et le changement du nom de Launay-du-Han en Launay-Picquet. Le lendemain, Jean Guillaume Toussaint est baptisé en l’église Saint-Étienne. Le nouveau-né est tenu sur les fonts baptismaux par Guillaume de Rosnyvinen, marquis de Piré, et Pélagie Jeanne Robert, dame de Melesse.


Rennes 1720 : année terrible

Depuis 1716, l’intendant de Bretagne est Paul-Esprit Feydeau de Brou – il le demeure jusqu’en 1728 et joue un rôle important après l’incendie de Rennes. Au moment où naît celui qui deviendra La Motte-Picquet, le gouverneur de Bretagne n’est autre que le fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, Louis-Alexandre de Bourbon qui, en 1695, a échangé avec le comte de Vermandois son titre de gouverneur de Guyenne contre celui de Bretagne à la suite de la démission du duc de Chaulnes – lequel gouvernait la province depuis 1670. Louis-Alexandre de Bourbon exerça la fonction jusqu’en décembre 1736 – à l’exception du port de Brest où, selon l’ordonnance de 1644, toute autorité appartient exclusivement à l’amiral de France.


Rennes a alors pour maire Toussaint François Rallier du Baty (1). Deux mois après la naissance de La Motte-Picquet, soit dans la nuit du 22 au 23 décembre, éclate dans la capitale bretonne un gigantesque incendie. L’alarme n’est donnée que vers minuit : trop tard pour éteindre ce feu déjà ardent « […] où la lueur des flammes éclaire déjà le ciel, poussées par un vent tempêtueux ». La panique s’installe et il ne se trouve personne pour organiser la lutte contre l’incendie. De fait, c’est un dimanche et les gens l’ont fêté en buvant et mangeant. De plus, Rennes ne possède pas de corps de sapeurs-pompiers professionnels (2). Ne peut donc intervenir que la milice bourgeoise, une association de citoyens notables à laquelle on peut faire appel en cas d’urgence. Il y a bien sûr aussi la patrouille de nuit, mais, en ce soir d’hiver, elle est en train de se réchauffer dans son corps de garde.


Le 25 décembre, Feydeau de Brou rédige son premier rapport : « Le feu est si grand actuellement que presque toute la partie de la haute ville dans laquelle logent tous les gens de considération, est brûlée, ou du moins sur le point de l’être ; on ne sait plus de quel côté porter le remède, tout le monde est sur les dents et très fatigué d’avoir passé les jours et les nuits à travailler et je ne puis dire encore quand le feu s’éteindra ni de quel côté il se jetera le plus fort. »(3) Le Parlement est épargné, grâce à la destruction des maisons qui le jouxtent et aux efforts des sauveteurs qui ont monté de grandes quantités d’eau pour arroser sans interruption le toit.


Le 27 décembre, vers quatre heures de l’après-midi, il se met à pleuvoir. Exténués, habitants et soldats parviennent enfin à arrêter la progression du feu. Le bilan est lourd : sont détruits les dix hectares les plus densément peuplés et les habitants les plus riches sont sinistrés, soit environ 40 % de la ville. Selon Gauthier Aubert (4), 945 bâtiments répartis sur 32 rues auraient été totalement détruits – dont 33 écuries et échoppes et dix hôtels de nobles ou de parlementaires, faisant 8 000 sans-abri et entre 10 000 et 13 000 sinistrés sur une population totale d’environ 49 000 habitants. Pour reloger les sinistrés, « 248 baraques sont construites à la va-vite sur les places, le long des remparts et sur tous les terrains vides disponibles pour héberger les sinistrés les plus modestes ». Les religieuses de la Visitation les décrivent comme « presque toutes de nulle valeur, toutes bâties de bois et d’une forme irrégulière ». Heureusement, les morts sont peu nombreux : une dizaine, tués dans leur sommeil, la première nuit. L’incendie n’est maîtrisé que le 29 décembre. La maison paternelle de La Motte-Picquet semble avoir été épargnée par l’incendie.


Premiers engagements

Curieusement, on ne sait rien des quinze premières années de La Motte-Picquet. Ce que nous dit son biographe (5), c’est que notre personnage a deux frères et une sœur : l’aîné, Louis Jacques, chevalier et Seigneur de Montreuil (1719-1786), avocat puis conseiller au Parlement, mort sans descendance malgré deux mariages ; Guy-François, grand vicaire de Vannes de 1750 à sa mort en 1757 et Judith Marie Picquet de la Motte (1725-1777) qui épouse, le 11 octobre 1743, Guy-Jean Aubert, chevalier seigneur du Lou et de Trégomain, conseiller du roi et lieutenant-général civil et criminel de la sénéchaussée au présidial de Rennes.


En juillet 1735, à quinze ans, La Motte-Picquet entre dans la marine comme garde sur un navire de l’escadre de Duguay-Trouin (6). En 1737, il passe sur une frégate, destinée à croiser contre les corsaires de Salé (7), et fait avec plusieurs campagnes dans la Méditerranée, jusqu’en 1738. L’année suivante, il fait campagne durant quatre mois en Baltique cette fois. On est en 1740 et La Motte-Picquet est envoyé aux Antilles pour protéger les colonies françaises contre les Anglais car la guerre de Succession d’Autriche est proche. La Motte-Picquet est alors placé sous les ordres du marquis d’Antin (8) qui commande une grande flotte divisée en trois escadres. Il a pris place au sein de la troisième escadre qui prend le large en même temps que la première, le 2 septembre 1740.


Le 1er octobre 1741, La Motte-Picquet est embarqué comme enseigne pour Lisbonne pour ramener des diamants de la couronne du Portugal et une somme de 800 000 livres. Le voyage ne sera pas des plus paisibles. Au retour, le comte de Kersaint (9) doit relâcher à Falmouth, en Angleterre, après avoir essuyé une tempête. Cinq jours plus tard, Kersaint doit quitter précipitamment Falmouth, ayant risqué de voir son navire confisqué. Pour la première fois, il est fait mention de l’intervention de La Motte-Picquet pour lui éviter cela.


Jusqu’en 1744, La Motte-Picquet est employé à diverses missions ; l’une d’elles est d’escorter, en janvier 1744, le prétendant à la couronne britannique, Charles-Édouard Stuart. Deux mois plus tard, le 15 mars, la France entre en guerre contre l’Angleterre. La Motte-Picquet joue un rôle important dans cette guerre. Le 6 février 1745, il part de Brest avec comme première mission d’aller porter des paquets à Louisbourg, « capitale » de l’Île Royale, au nord-est de la Nouvelle-Écosse, au Canada, alors assiégée par les Anglais. Là, il affronte deux frégates britanniques et six corsaires. Le 21 octobre, La Motte-Picquet est de retour à Brest.


D’une guerre à l’autre

Le 1er janvier 1746, La Motte-Picquet est nommé enseigne de vaisseau. Le 13 juillet, le navire de La Motte-Picquet rencontre une frégate et un senau (10) anglais. S’ensuit un violent combat de six jours faisant quarante morts à bord et à peu près autant de blessés. Le 18 septembre, l’escadre de Kersaint atteint Chibouctou où d’Anville se trouve depuis la veille. Le reste de l’escadre arrive le 27 septembre, jour où d’Anville décède d’une crise d’apoplexie. D’Estourmel, un de ses officiers, prend alors le commandement et décide, au cours d’un conseil de guerre, d’attaquer Annapolis Royal sur la côte est de la Nouvelle-Écosse et de détacher de la Jonquière pour le Canada. Dans la nuit du 29 au 30, ce projet est abandonné et d’Estourmel (11) tente de se donner la mort. Mais il survit et passe le commandement à de la Jonquière (12). Le 24 octobre, l’escadre – du moins ce qu’il en reste – quitte Chibouctou pour attaquer Annapolis mais, devant le risque de manquer de vivres, préfère prendre la route de France qu’elle atteint le 30 novembre.


Le 24 janvier 1748, La Motte-Picquet quitte Brest avec l’escadre de d’Albert (13) composé de trois vaisseaux. Destination Pondichéry, menacée par les Anglais. Aux Indes attendent trois vaisseaux pour renforcer l’escadre.


Le 7 février, un coup de vent sépare le navire de La Motte-Picquet du reste de la flotte, l’obligeant à faire escale pour réparations à La Corogne ; ville qu’il ne quittera que le 25 mars. Il n’arrive à l’Île-de-France que le 20 septembre, après une escale à l’Île Bourbon (La Réunion). Le 17 janvier 1749, La Motte-Picquet et l’escadre de Kersaint (14) quittent enfin l’Île-de-France pour Pondichéry. Au large de Madras, ils s’emparent d’un vaisseau hollandais et d’un vaisseau anglais ; tous deux sont envoyés vers l’Île-de-France. Finalement, le 9 février de cette même année, Kersaint jette l’ancre à Pondichéry.


L’état de « non-guerre » qui s’ensuit conduit La Motte-Picquet dans les Antilles, puis, après un « intermède dans l’armée de terre en 1753 », il regagne Brest puisqu’il a été nommé lieutenant de vaisseau le 23 mai 1753. En 1756, le conflit reprend. C’est la guerre de Sept Ans. S’affrontent l’Angleterre, alliée à la Prusse, et la France, alliée à l’Autriche. En 1757, La Motte-Picquet est envoyé pour la troisième fois au Canada avant de retourner aux Antilles, en 1758-1759 d’abord, puis en 1761-1762 pour une quatrième campagne. Le 15 janvier 1762, il est nommé capitaine de vaisseau. Entre-temps, après deux batailles navales perdues, la Royale n’a plus l’initiative tandis que la Royal Navy a la maîtrise des mers.


Sur tous les fronts

Fin octobre 1763, La Motte-Picquet reçoit des ordres pour mener une nouvelle campagne contre les salétins, ces pirates barbaresques qui portent atteinte au commerce maritime en Afrique du Nord. À la Motte-Picquet est attribuée une frégate. Une seconde frégate et un vaisseau les accompagnent. Au cap Saint-Vincent, ils doivent être rejoints par deux autres frégates pour se rendre ensuite sur les côtes marocaines. À la suite de cette campagne mouvementée, La Motte-Picquet est affecté au port de Brest où lui sont confiées des tâches administratives. Il ne reprend la mer que huit ans plus tard, avec la renaissance de la marine royale.


En 1776, après un séjour à Versailles où il a l’occasion de faire la connaissance de Louis XVI, il retourne à Brest pour une seconde campagne d’évolutions formée de vaisseaux provenant de Brest, de Rochefort et de Toulon. Une troisième campagne d’évolution l’année suivante implique treize vaisseaux et La Motte-Piquet est, pour l’occasion, promu commandant d’une division.


Au cours de l’année 1777, les rapports avec l’Angleterre se tendent toujours plus. Chaque jour, des navires français croisant au large sont canonnés, leurs équipages blessés et comptant souvent des morts. Le 11 octobre, La Motte-Picquet commande une escadre de huit bâtiments qui doit faire des évolutions. Une semaine plus tard, l’escadre subit un fort coup de vent qui endommage tous les bâtiments. Toutefois, La Motte-Picquet décide de poursuivre sa croisière. Finalement, le 10 novembre, il est de retour à Brest ; quatre jours plus tard lui est confié le commandement de la police de la rade. Il ne reprendra la mer qu’en février 1778.


Le nouveau conflit qui permet à la « Royale » de prendre sa revanche et à La Motte-Picquet de faire montre de ses qualités, est la guerre d’Indépendance américaine qui, en 1777, en est déjà à sa première année, et à ses premiers succès pour les « insurgents ». Boston a capitulé en mars 1776 et, le 4 juillet, l’indépendance des États-Unis est proclamée. En 1777 cependant, les Britanniques reprennent une bonne partie du terrain perdu. Le 17 octobre, ils sont à Saratoga. Le sort des insurgents se joue là. Dans ’cet intervalle, Louis XVI reçoit Benjamin Franklin venu lui demander de l’aide en armes, en hommes et en navires. Le roi temporise, et en sous-main, il encourage les initiatives privées qui vont dans le sens demandé par Franklin.


Au début de 1778, La Motte-Picquet commande une escadre qui doit partir pour surveiller les côtes de Bretagne. Le 6 février, Louis XVI signe un traité de commerce et d’amitié avec les insurgents : le 17 mars, le roi d’Angleterre rappelle son ambassadeur – Louis XVI en fait de même. Le 1er juin, La Motte-Picquet est nommé chef d’escadre. Le 17, une escadre anglaise attaque une frégate qui se défend et met à mal l’un des assaillants. Louis XVI déclare alors la guerre à l’Angleterre. Le premier combat naval de ce nouveau conflit se déroule à Ouessant, le 27 juillet. Les 30 vaisseaux de ligne français ont, pour la première fois depuis quinze ans, le dessus sur leur rivale britannique, obligée de se retirer et comptant 407 morts dans ses rangs contre 163 du côté français.


Au printemps 1779, La Motte-Picquet est à la tête d’une escadre pour les Antilles. Pour le siège de Savannah, il commande, début septembre une division de cinq vaisseaux. Il est chargé du débarquement des troupes, du matériel et des munitions. Le 12 septembre, les opérations commencent mais, le lendemain, elles sont gênées par le mauvais temps. Le 16 septembre, d’Estaing envoie une sommation au général Prevost (15), défenseur de Savannah qui le fait languir, sachant que les intempéries qui s’annoncent ne permettront pas à d’Estaing de tenir longtemps. Le 20 septembre, est confié à La Motte-Picquet le commandement des forces navales, affaiblies par le scorbut et l’épuisement de leurs réserves d’eau. L’armada doit aussi faire face à l’arrivée de renforts anglais. Malgré la persistance du mauvais temps, d’Estaing, le 9 octobre, donne l’assaut. C’est un échec et il faut se résoudre à retourner en France. Cette opération a coûté cher : 63 officiers tués, 579 hommes tués ou blessés (19). Quant à La Motte-Picquet, il a ordre de faire voile, avec deux vaisseaux et un en remorque, sur la Martinique, où il arrive le 25 novembre. Le 18 décembre, alors qu’il est en rade de Fort Royal, il se couvre de gloire.


La fin de l’aventure

En 1780, La Motte-Picquet entre dans sa soixantième année. C’est un homme âgé pour l’époque. Sa santé est délabrée – « la goutte dans les reins et le bras gauche », comme il l’écrit le 28 juillet à Sartine. De plus, il souffre d’une blessure occasionnée lors d’un combat naval le 14 mars. Et pourtant, il n’en continue pas moins de courir les océans et d’affronter la Royal Navy (bataille du cap Spartel, le 20 octobre 1782). Dans une lettre du 4 octobre adressée au nouveau secrétaire de la Marine, il parle de ses « 47 ans de services distingués, 30 campagnes de long cours, 12 combats, 6 blessures […] ». Le 1er avril 1783, pour la dernière fois, l’escadre de La Motte-Picquet mouille dans la rade de Brest. C’est dans cette ville – où, en 1781, il avait acheté un hôtel – qu’il s’éteint, le 10 juin 1791. Trois mois plus tard est créée l’éphémère monarchie constitutionnelle.


1• Toussaint Rallier du Baty (1665-1734) est maire de Rennes de juillet 1695 à sa mort, le 25 mars 1734, soit durant 39 ans.


2• C'est au xixe siècle qu’est créé le corps de pompiers professionnels.


3• Gauthier Aubert et Georges Provost, Rennes 1720. L'incendie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2020, p. 32 (Gauthier Aubert est professeur d'Histoire à l'Université « Rennes 2 »).


4• Ibid.     


5• Alain Gaillard, La Motte Picquet, Héros de la Guerre d'Indépendance, Mémoires et Documents, Aix-en-Provence, 2018.


6• René Trouin (1673-1736), sieur du Gué, est breton comme La Motte-Picquet. Né à Saint-Malo, il reçoit en 1691 le commandement d'un navire. En 1728, il est lieutenant général des armées navales, commande en 1736 le port de Toulon après avoir dirigé une escadre chargée de bombarder Tripoli (1731).


7• Salé est une ville du Maroc où s’établirent au xviie siècle les réfugiés musulmans d’Espagne. Animés pour certains d'un esprit de revanche contre les chrétiens, ils se lancent dans une guerre de course et constituent une puissante entité politique connue sous le nom de République de Bouregreg menant des expéditions jusqu'en Cornouailles. En 1765, Louis XV envoit une escadre de 13 navires (un vaisseau, 8 frégates, 2 chébecs, 2 galiotes à bombes) en représailles contre Salé, les pirates ayant profité de la guerre de Sept Ans pour attaquer les navires de commerce français.


8• Antoine-François de Pardaillan de Gondrin (1709-1741), marquis d'Antin, est vice-amiral de France et commande la flotte de Brest de 1737 à 1741. Envoyé aux Antilles combattre les Anglais au début de la guerre de Succession d'Autriche, il échoue dans cette mission et meurt peu après.


9• Guy-François Coëtnemprem (1703-1759), comte de Kersaint, rejoint la marine en février 1722. En 1731 il est promu enseigne, puis lieutenant en mai 1741. En janvier 1747, il est capitaine. En 1756, à la tête d'une division, il détruit des fabriques anglaises en Guinée avant de partir pour les Caraïbes où il est blessé lors du combat du Cap-Français (21 octobre 1757). En 1759, à bord du Thésée, il participe à la bataille de Quiberon (20 novembre) au cours de laquelle son bateau coule, l'entraînant dans la mort.


10• Un senau est un bâtiment à deux mats complétés par un mat placé immédiatement derrière le mat principal.


11• Constantin-Louis d'Estourmel (1691-1765) intègre la marine en 1707. Il est lieutenant de vaisseau en 1712 puis capitaine de vaisseau en 1727, En 1746, il est promu chef d'escadre. Après sa tentative de suicide, il rentre en France. Louis XV l'autorise à se retirer du service tout en conservant ses appointements.


12• Jacques-Pierre de Taffanel de la Jonquière (1685-1752) participe en 1711 à la prise de Rio de Janeiro. De 1715 à 1719, il fait campagne sur la côte ouest de l'Amérique. En 1746, il est nommé gouverneur général de la Nouvelle-France. Fait prisonnier à la bataille navale du Cap Finisterre (1747), il est libéré l'année suivante et débarque à Québec en 1749 où il meurt trois ans plus tard.


13• Charles-Antoine d'Albert, marquis du Chesne (1686-1751) est enseigne de vaisseau en 1707 et participe aux campagnes navales de la Guerre de Succession d'Espagne. En 1724, il travaille pour la Compagnie des Indes. Il est lieutenant de vaisseau en 1727 et capitaine de vaisseau en 1731. En 1734, il est nommé à la direction du dépôt des cartes et plans de la Marine, tout en étant en service actif. Chef d'escadre en 1747, il reçoit le commandement du Magnanime, un vaisseau de 74 canons avec lequel il escorte un convoi destiné aux Indes orientales françaises. Son vaisseau séparé du groupe par la tempête, une partie de sa mâture perdue, doit faire retour à Brest. Mais il est intercepté par l'escadre de Hawke et le marquis est fait prisonnier après un combat inégal. Le Magnanime a été lancé en 1744, capturé par la Royal Navy en 1748 et démoli en 1775. Le 20 novembre 1759, il joue un rôle important à la bataille des Cardinaux,  forçant le Héros à la reddition.


14• Chiffres cités par Alain Gaillard, op. cit., p. 225.


15• Augustin Prévost (1723-1786) est né à Genève et a commencé sa carrière comme officier au service du roi de Sardaigne puis des Provinces-Unies. En 1756, il intègre l'armée britannique avec le grade de major. Il devient lieutenant-colonel en 1761, après la guerre franco-indienne, partie de la guerre de Sept Ans. Colonel en 1774, il est nommé inspecteur général des forces britanniques à la Jamaïque, défend avec succès Savannah et oblige les Français à battre en retraite (16 octobre).


16• Chiffres cités par Alain Gaillard, op. cit., p. 225.


La France de 1720

Lorsque naît La Motte-Picquet, Louis XIV est mort depuis cinq ans et son arrière-petit-fils, le futur Louis XV, n’a que dix ans. Il ne peut donc pas régner seul (A). C’est le temps de la Régence, exercée par Philippe II d’Orléans, neveu du Roi-Soleil. La noblesse signe alors son grand retour, écartée qu’elle était du pouvoir sous le précédent règne au profit de la bourgeoisie. La polysynodie – nouveau système de gouvernement dans lequel les ministres et conseillers d’État sont remplacés par huit conseils dirigés par de grandes familles – ne dure que trois ans, de 1715 à 1718. Mais cette polysynodie fonctionne mal, rongée par des querelles de personnes et, en matière de finance, la situation est désastreuse : la dette s’élève à deux milliards et demi de livres et les recettes de 1717 et 1718 sont absorbées par anticipation. De plus, la charge annuelle de remboursement de la dette atteint 165 millions de livres quand les recettes ne dépassent pas 69 millions. En 1718, lassé de ces querelles intestines permanentes, Philippe d’Orléans dissout la polysynodie et la remplace par un seul ministre, Dubois (B). À partir de 1720, le Régent revient à la politique de Louis XIV, à l’intérieur comme à l’extérieur. Dubois sera une sorte de Premier ministre jusqu’à sa mort, en août 1723, quelques mois avant celle du Régent (2 décembre). Louis XV, désormais majeur – il a treize ans – décide alors de gouverner seul, avec un Premier ministre, le cardinal de Fleury (C) à partir de 1726. C’est le début d’un règne d’un demi-siècle.


A• En 1375, Charles V, par lit de justice, décide de porter la majorité royale à treize ans.


B• Guillaume Dubois (1656-1723) est, sous Louis XIV, chargé de l'éducation du futur Régent.


C• André Hercule de Fleury (1653-1743) a été aumônier de Louis XIV en 1678 puis évêque de Fréjus de 1698 à 1715, précepteur de Louis XV (1716), membre en 1720 du Conseil de Conscience. En 1720, il entre au Conseil d'État. En 1726, après le renvoi du duc de Bourbon, il obtient la charge de Premier ministre ; charge qu'il conservera jusqu'à sa mort.


 
 
 

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