Jean-Baptiste Primi Visconti, un courtisan à la cour de Louis XIV
- mikaelamonteiro11
- Mar 30, 2024
- 12 min read
Jean-Baptiste Primi Félicien Visconti Fassola de Rasa, comte de Saint-Mayol, voilà le nom complet, après moult péripéties, de celui que les historiens retiennent aujourd’hui sous celui seul de Primi Visconti. Si ses Mémoires, nous le verrons, sont bien connus de ceux qui étudient le règne de Louis XIV, sa vie l’est un peu moins. Pourtant, l’homme originaire du Piémont s’avère avoir été un habile aventurier qui fit fortune, au sens étymologique, à la cour de France, avant de connaître quelques pseudo soucis judiciaires. Il n’en demeure pas moins qu’il fut un fin observateur de son pays d’adoption, où il demeura dès 1673 jusqu’à la fin de sa vie, après un bref retour sur ses terres natales…

Longtemps, parmi les historiens, il y eut une confusion entre le médecin Domenico Amonio (1653-1721) et Primi Visconti (1648-1713), faisant des deux hommes un seul et même personnage. C’est ce qui ressort notamment d’une « Anecdote sur l’abbé Primi » reprise dans les Œuvres de Louis XIV publiées en 1806 et qui assimile le premier au second, tout en développant une histoire qui concerne bien ce dernier… C’est ainsi que Jean-François Solnon, pour décrire la belle figure et le succès de Primi Visconti à la cour de France, n’hésite pas à convoquer une lettre de Mme de Sévigné à sa fille du 6 mai 1676, dans laquelle la marquise évoque « un homme de vingt-huit ans, dont le visage est le plus charmant que j’aie jamais vu. Il a les yeux comme Mme Mazarin et les dents parfaites, le reste du visage comme on imagine Rinaldo, de grandes boucles noires qui lui font la plus agréable tête que vous puissiez imaginer. » L’âge correspond. Pourtant, Roger Duchêne, annotateur de la correspondance, ne mentionne jamais Primi Visconti mais bien Amonio… Notre personnage ne manque pas pour autant de succès et c’est lui qui, dans ses Mémoires en fait état en 1674, peu de temps après son arrivée à Paris : « Je n’avais plus un moment pour rester chez moi ; tout le monde me recherchait et, le bruit, s’étant répandu que je logeais à l’hôtel de Vendôme, j’y étais, du matin au soir, littéralement assiégé. »
Un aventurier italien…
Comment un obscur Italien est-il devenu la coqueluche du Tout-Paris ? Remontons un peu dans le temps… Giovanni Battista Fassola est né le 22 septembre 1648 à Varallo Sesia, dans la province de Vercelli, d’honorables parents marchands. La mort de son père quand il a à peine quatre ans stoppe brutalement l’ascension sociale et crée surtout des tensions au sein de la famille. En achetant un office canonique, le jeune homme se destine dans un premier temps à la carrière ecclésiastique (à laquelle il renoncera définitivement en 1676), avant de se tourner vers une carrière littéraire. Mais, plus que le roman, nous le verrons, c’est l’histoire qui l’intéresse véritablement. Des querelles intra-familiales entre ses frères et oncles, liées à l’héritage paternel, mais surtout, le meurtre d’un collecteur d’impôts perpétré par de proches parents, le poussent à l’exil à la fin de l’année 1672. Il passe par la Suisse et atteint « Lyon le jour de l’Épiphanie [1673] » comme il l’écrit au tout début de ses Mémoires. C’est au cours de son trajet Lyon-Paris en diligence qu’il noue les premiers liens qui devront s’avérer utiles pour la suite. Il fait notamment le voyage avec un nommé Borgion, « homme vertueux et d’âge mûr » qui lui sert d’interprète, Primi ne pouvant se faire entendre encore qu’en latin. Évoquant ses précédents voyages, il en vient « à discourir sur l’astronomie, l’astrologie, la physionomie et autres sciences semblables », sujets qui passionnent son interlocuteur. C’est lors de ce trajet que le voyageur italien fait preuve de dons divinatoires auprès de deux passagers. Comme l’écrit Primi, « toute la compagnie resta étonnée et moi-même je fus le premier stupéfait d’avoir deviné juste ».
…à la cour de France
Grâce à ses différents appuis et son réseau ecclésiastique, il est reçu dignement à Paris par l’abbé de Sainte-Geneviève, lequel lui fait donner un appartement mais aussi « un secrétaire pour [l’]assister et [lui] faire voir la ville et la Cour ». Il se rend donc au plus vite au château de Saint-Germain en février 1673 pour y découvrir la Cour et le roi, auquel il fait sa révérence. C’est là qu’il rencontre l’abbé del Carretto, avec lequel il lie une profonde amitié qui lui sera très utile pour étoffer ses relations. Dès lors, il revient régulièrement à la Cour où il amasse de nombreuses anecdotes croustillantes dont il se servira plus tard pour écrire ses Mémoires. Au gré de ses rencontres, mais aussi en raison de ses expériences divinatoires réussies qui sont parvenues jusqu’à Paris, Primi Visconti est mandé par deux grands seigneurs de la Cour, adeptes de « sciences occultes » : les ducs de Brissac et de Nevers. Au duc de Nevers qui lui affirme que l’on remarque « chez les démoniaques d’Italie des choses extraordinaires que l’on n’observ[e] pas à Paris », Primi lui rétorque que « cela proc[ède] de l’imbécillité des hommes, qui, en Italie, croient de telles choses parce que l’Inquisition les accrédite, et qui, à Paris, n’y croient pas parce que le Parlement les tourne en ridicule ». Il est vrai que depuis 1640, en France, on ne poursuit plus les personnes pour crime de sorcellerie et l’ordonnance de procédure criminelle de 1670 bannit même le principe du système judiciaire.
On le voit, Primi ne prend pas au sérieux ses « dons » et s’en amuse plutôt. Ce sont pourtant ces prétendus talents qui lui ouvrent les portes de toute la haute société. Borgion, son compagnon de route, ne l’a pas oublié et le présente dans plusieurs salons parisiens, réceptions dont témoignent grandement ses Mémoires pour l’année 1674. C’est lors d’une de ces rencontres, avec la présidente d’Onsembray, qu’il fait le plus sensation. Interrogé sur l’auteur d’une lettre dont on lui tait le nom, Primi en dresse alors un portrait moral criant de vérité, non sans ajouter qu’il est blessé à la tête, ce que l’hôtesse nie, « lorsqu’une jeune fille entr[e] dans la salle, apportant des lettres où l’on p[e]ut lire que d’Arcy v[ient] d’être blessé à la tête d’un coup de mousquet sous Besançon. Alors elle s’écri[e] : “Ah ! monsieur, vous êtes magicien !” » La scène ne met pas longtemps à se répandre. Le mémorialiste écrit : « Il y avait foule chez cette dame dont l’humeur et les manières attiraient toutes les sympathies, et elle était en outre si bavarde qu’en un moment, tout Paris brûla d’envie de me voir, j’étais passé prophète ! J’eus bientôt mes entrées dans les premières et les meilleures maisons. » Et Primi de devenir l’intime, outre de ceux déjà cités, du marquis de La Vallière, frère de l’ancienne favorite royale, du comte de Gramont, du chevalier de Vendôme, de la comtesse de Soissons…
Le devin de la famille royale
Sa réputation, gagnée dans l’art de savoir lire l’avenir à travers les lettres qu’on lui présente, lui vaut d’attirer l’attention de toute la famille royale qui demande à le rencontrer. Il en est ainsi de la reine, « qui est fort curieuse de prédictions et qui y croit » ou encore de Monsieur, frère de Louis XIV, qui l’interroge sur ses différentes maladies. Suggérant des maux de têtes, ce que dénie son interlocuteur, Primi Visconti se souvenant « de ce qu’on racontait tout bas sur [le] compte [du prince] » lui rétorque « qu’il [doit] être sujet aux hémorroïdes ». Ces prédictions, on le voit, ne se font que par conjectures ou par souvenirs de choses entendues. Toutefois, le courtisan italien ne cherche jamais à abuser son auditoire ; ainsi, à Monsieur qui lui demande un remède pour son mal, il répond du tac au tac qu’il « [n’est] ni médecin ni astrologue, que tout ce qu[’il] fai[t est] pour rire ». Alors qu’il a assisté quelques jours auparavant au souper au Grand Couvert du roi, Louis XIV, « en sortant de table, [lui] demanda si véritablement [il y entendait] quelque chose », ce à quoi il répondit « que ce qu’[il en faisait] n’était qu’un amusement ». Pourtant le souverain, dans l’idée de le flatter et de se mettre dans l’opinion des dames, « soutint qu’[il était] un savant et [le] loua comme un galant homme. » Le talent divinatoire de Primi Visconti, adoubé par le monarque lui-même, lui attire tous les flatteurs de la Cour qui se collent à lui comme des mouches, « car il suffit que le Roi ouvre la bouche et parle de quelqu’un pour qu’aussitôt celui-ci soit recherché comme un saint ou tenu à l’écart comme un damné ».
Des soucis judiciaires ?
Primi Visconti ne croit pas si bien dire. Le 15 juillet 1682, Louis XIV donne l’ordre de l’arrêter et de le conduire à la Bastille. Au même moment, le marquis de Seignelay, fils du Grand Colbert, double la lettre du roi et écrit à Gabriel-Nicolas de La Reynie, lieutenant général de police, pour lui indiquer les intentions royales « au sujet du livre de Primi, à quoi [il n’a] rien à ajouter, si ce n’est pour [lui] recommander la diligence en ce cette occasion ». De quoi s’agit-il ? Primi Visconti vient tout juste de publier une Histoire de la guerre de Hollande. Il semble que le courtisan italien soit allé un peu trop loin dans sa recherche de vérité et qu’il ait révélé des secrets d’État, puisqu’il a mentionné dans son livre le traité secret de Douvres, signé en 1670 (voir encadré).
Le pouvoir demande aussitôt l’arrêt de la publication, mais aussi la saisie de tous les exemplaires. En effet Colbert écrit à La Reynie le 21 juillet : « Vous trouverez ci-joint l’arrêt pour la suppression de l’Histoire de la guerre de Hollande, composée par Primi-Visconti. Je vous prie de m’envoyer les manuscrits que vous avez trouvés chez lui. »Simultanément, Louis XIV précise ses intentions à son lieutenant général de police : « Le nommé Primi-Visconti, qui a écrit mon histoire en langue italienne, l’ayant remplie de faussetés, je vous écris cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous vous transportiez incessamment en la maison du libraire qui l’a imprimée et en celle dudit Primi-Visconti, et que vous vous saisissiez de tous les exemplaires que vous en trouverez, voulant qu’ils soient détruits. »Comme nous ne sommes pas dans une affaire criminelle, les scellés apposés sur les papiers de l’Italiens sont levés dès le 29 juillet et Seignelay précise à La Reynie à cette même date que « S.M. ne l’a pas fait arrêter pour lui faire son procès, mais simplement pour faire connaître qu’elle n’approuve pas l’Histoire qu’il a faite ».
Cette Histoire… aurait pourtant été écrite, si ce n’est à celle du souverain, à la demande pressante de plusieurs proches du monarque comme son secrétaire particulier Toussaint Rose. Primi Visconti s’est donc prêté, consciemment ou inconsciemment, ni plus ni moins aux jeux de pouvoirs diplomatiques. Alors que Charles II d’Angleterre tente un rapprochement avec la Hollande et son stathouder Guillaume d’Orange, ennemi juré de Louis XIV, la France n’a rien trouvé de mieux que de révéler les liens qui unissent la couronne des Bourbons à celle des Stuarts en publiant, sous couvert d’indiscrétions d’un auteur, le traité secret de 1670. Par celui-ci, la France s’est engagée à verser annuellement trois millions de livres en échange d’un appui militaire sur la mer contre les Provinces-Unies. Mais la paix a été proclamée en 1678 et Charles II, nous rapporte l’auteur des Anecdotes sur l’abbé Primi, « après avoir pendant douze ans reçu l’argent et servi l’ambition de la France, avait connu le danger de ces liaisons, et n’agissait plus que dans l’intérêt de sa nation et du parlement. […] Pour la troubler [l’union], on imagina de faire paraître la traduction française de l’histoire de la dernière guerre par l’abbé Primi, dans laquelle il donnait des détails beaucoup trop explicatifs sur la négociation, le traité secret, et le voyage de Madame à Douvres en 1670 ». Les révélations ne sont donc pas fortuites, mais savamment calculées pour irriter le gouvernement anglais. L’Angleterre a vent immédiatement de la publication et Louis XIV feint la surprise à la découverte de l’ouvrage que lui présente au conseil Croissy, frère de Colbert et secrétaire d’État des Affaires étrangères.
L’Angleterre n’est pas dupe de la manœuvre et sait pertinemment que, comme le rapportera John Darymple dans ses Mémoires de la Grande-Bretagne et de l’Irlande… parus en 1775, « malgré le désaveu de la France, on fut persuadé que l’abbé Primi n’avait fait que lui prêter ou plutôt lui vendre sa plume ». En effet, malgré l’embastillement de l’Italien, « il parut bien qu’on ne le punissait que pour l’avoir [le livre] publié hors de saison ; car il eut sa liberté quelques mois après avec de l’argent comptant & une pension. D’ailleurs il disait lui-même que les ministres avaient eu ordre de lui communiquer des mémoires ». Primi Visconti demeure toutefois à la Bastille jusqu’en janvier 1683…
Un observateur avisé de la cour de France
Après ce séjour carcéral, qui se solde finalement par une pension royale, Primi regagne son pays d’origine pour affaires familiales mais aussi pour devenir régent général des vallées de Sesia. L’expérience administrative tourne court et il revient à Paris dès décembre 1684 grâce à l’intervention de l’ambassadeur de France à Turin. Ce retour lui permet également de retrouver une dame qu’il apprécie grandement. En 1678, après quelques coups de foudre concrétisés ou non, il est tombé sous le charme d’une jeune mariée : Marguerite Léonard, épouse de Charles Herbin, maître à la Chambre des comptes. Attirée par la réputation du jeune homme, la femme de vingt-trois ans entend alors connaître son avenir : non seulement Primi Visconti lui affirme qu’elle sera veuve dans les six mois (ce qui arrive bel et bien) mais aussi qu’elle épousera un prince qui, selon les dires de l’Italien, n’est autre que lui-même ! Les deux protagonistes n’oublient pas ces consultations et, après le retour de Primi à Paris fin 1684, ils entament une relation compliquée car Marguerite est la fille de Frédéric Léonard, l’un des plus importants imprimeurs-libraires de la place de Paris qui ne veut pas entendre parler de cette liaison avec un aventurier étranger. Elle est donc riche des deniers paternels mais aussi de ceux de son défunt mari… Contre vents et marées ils se marient finalement en mai 1687 après que Primi Visconti a reçu ses lettres de naturalisation. Les témoins de mariage ne sont pas des inconnus : il y a là le marquis de Dangeau ou encore l’abbé de Choisy, tous deux férus d’histoire…
S’il signe son contrat de mariage sous le nom de « Messire Jean-Baptiste-Primi-Félicien Visconte, chevalier, Comte de Fassola de Saint-Maïole, Régent général des vallées de Sésia, gentilhomme italien naturalisé françois » (noms et titres que lui conteste fermement Frédéric Léonard par un factum), depuis sa première arrivée en France en 1673, l’homme a déjà utilisé plusieurs noms : l’abbé Primi, Primi Visconti, comte de Saint-Mayol, comte Fassola ou encore comte de Rassa. Cette multiplicité onomastique témoigne d’une certaine velléité littéraire à laquelle a toujours aspiré depuis sa jeunesse celui qui est simplement né Giovanni Battista Fassola. S’il écrit un roman en 1676 (La Rassolina), c’est plutôt vers le journalisme que s’est tourné jusqu’alors Primi. Il publie ça et là quelques articles dans sa région d’origine et tente sa chance lors de son arrivée en France, mais il se heurte à une ferme opposition des directeurs de la Gazette de France. Ce qui l’intéresse vraiment, c’est faire œuvre d’historien. Il se lance à corps perdu dans l’écriture de l’histoire, voulant supplanter les historiographes officiels que sont Racine, Pellisson ou encore Boileau.
Ses Mémoires sont une part infime de ses écrits tant l’Italien a multiplié les ouvrages. Ce sont toutefois ces premiers qui retiennent toute l’attention des historiens aujourd’hui, tant par leur aboutissement que par leur acuité. Concernant les années 1673-1681, ils ont surtout l’intérêt de pallier un manque dans les sources louisquatorziennes avant les grands récits des mémorialistes Sourches et Dangeau, qui couvrent respectivement les périodes 1681-1712 et 1684-1720. De même, ils livrent des portraits incisifs et sans complaisance des principaux personnages de la Cour, que ce soit ceux de la famille royale ou ceux des grands courtisans. S’il manifeste une certaine admiration du souverain lorsqu’il le voit pour la première fois (« J’aperçus le Roi pendant qu’il se rendait à la messe et bien que je ne l’eusse pas encore vu et qu’il fût alors perdu dans la foule des courtisans, je le reconnus aussitôt. Il avait en effet un air grand et majestueux et sa taille élevée et sa prestance faisait qu’aux yeux de tous il aurait mérité d’être Roi s’il ne l’avait pas été »), il contrebalance rapidement le portrait en évoquant son « despotisme », après sa prise de pouvoir personnel : « Cependant, il s’est modéré depuis qu’il a pris les rênes du gouvernement, mais, dans sa modération même, il est resté terrible. Aussi-vit-on circuler des sonnets portants que les Français ayant demandé au ciel un roi pendant l’espace de dix-neuf ans [sic], durant lequel on avait cru la Reine stérile, Dieu, leur avait donné comme aux Israélites un Saül sévère, tel qu’était Dieudonné, nom qu’il porte avec celui de Louis. […] En réalité, d’après toutes mes observations, tout était bien soumis et jamais en France on ne sentit une autorité plus despotique. »
Au-delà des grands événements de l’époque – liés principalement à la guerre de Hollande – Primi Visconti se livre surtout à une véritable analyse sociologique de la Cour, faisant les portraits des ministres, ceux des maîtresses – qu’elles soient en disgrâce (Mlle de La Vallière), à leur apogée (Mme de Montespan) ou en devenir (Mme de Maintenon) –, ou encore ceux de ses concurrents dans la rédaction de l’histoire du règne. Racine, qui est « à la mode » est « très pédant », tandis que Boileau, « son compagnon inséparable [de Racine] », est « un homme de jugement ». L’Italien pense qu’il y a une place à prendre auprès de ceux que l’on appelle « les philosophes », d’autant plus, rapporte-t-il, que pour le roi tous ces récits rédigés par ses historiographes ne sont que « gazettes, gazettes »…
Malgré ces paroles attribuées à Louis XIV, ces Mémoires – qui ont parfois été mis en doute à tort – n’en sont pas moins savoureux et extrêmement instructifs sur la cour de France et, depuis leur publication, Primi Visconti a pris lui aussi sa place dans la bibliographie des historiens.
Lettre de l'ambassadeur Foscarini au doge
« Un Italien, nommé Primi, qui se donne le titre de comte de Saint-Mayol, ayant mis sous presse l’Histoire de la guerre de Hollande, l’œuvre passée à la censure et le travail approuvé, lorsqu’il s’attendait à recevoir quelque témoignage de la munificence royale, a été conduit à la Bastille ; cela vient de que qu’il y a inséré le résultat de la négociation faite à Douvres par feue la duchesse d’Orléans avec son frère le Roi d’Angleterre, dans laquelle l’auteur prétend que la France s’était engagée vis-à-vis du souverain anglais à l’aider à consolider l’autorité royale, en abaissant le parlement, à introduire la religion catholique dans les trois royaumes, à faire ensemble la guerre à la Hollande et à partager les dépouilles de cette république ; la Zélande serait restée au Roi d’Angleterre, la Hollande aurait été donnée en souveraineté à la maison d’Orange, et le reste à la France. […] » (lettre de l’ambassadeur Foscarini à Contarini, doge de Venise, depuis Paris le 22 juillet 1682, Archives de Venise – traduite de l’italien – et reproduite dans les Archives de la Bastille).
Comments